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Le mot du Président du CROA HDF : l'Architecture est d'intérêt public

Par Jean-Charles HUET.

Publié le
, mis à jour le
29 avril 2025
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Jean-Charles HUET

Jean-Charles HUET, président du CROA HDF

CROA HDF

Mot de Jean-Charles HUET, président du Conseil Régional de l'Ordre des Architectes des Hauts-de-France aux Architectes :

"Chères consœurs, chers confrères,

Nous sommes dans contexte où les crises, qu’elles soient climatiques ou liées au logement, sont à la fois des défis immenses et des opportunités historiques. 

Ces crises nous appellent, nous, architectes, à affirmer notre rôle, à défendre la pertinence de nos savoirs et à porter haut les valeurs universelles que notre discipline incarne : la culture, la technique, et surtout, l’intérêt général.

« L'architecture n'est pas seulement bâtir des espaces, l’architecture c’est créer un cadre poétique à l’action de l’homme». 

Cette vision de l’architecture que je partage avec Ricardo Porro résonne avec une acuité particulière aujourd’hui. Face aux enjeux qui nous entourent, il est plus que jamais temps de placer l’architecture au premier plan, de rappeler qu’elle est essentielle pour réinventer notre cadre de vie et construire un avenir durable, solidaire, et profondément connecté au vivant.

 

Portons un regard lucide sur les défis d’aujourd’hui

En Haut de France et au-delà, nous traversons une crise du logement sans précédent, où des milliers d’habitants peinent à accéder à des habitations dignes et adaptées (lire le dernier rapport de la Fondation pour le Logement, ex Fondation Emmaüs). 

En parallèle, l’urgence climatique nous impose de repenser nos modes de conception et de construction pour limiter nos impacts environnementaux et garantir des cadres de vie résilients face aux bouleversements à venir.

Mais au-delà de ces défis techniques, c’est une question plus fondamentale qui émerge : celle de la place de l’homme dans le vivant. Longtemps dominant, parfois prédateur, l’homme doit aujourd’hui repenser son rapport à la nature. 

Nous ne pouvons plus envisager nos villes et nos constructions comme des sanctuaires fermés, coupés des écosystèmes qui nous entourent. 

L’enjeu pour l’architecture est de réconcilier l’homme avec le vivant, de fondre notre action dans une dynamique où la nature n’est pas un décor, mais un partenaire à part entière.

 

Faire entrer la nature en ville

Nous devons relever le défi de faire entrer la nature en ville, de travailler à des échelles parfois oubliées : celles des oiseaux, des insectes, des sols.

Nous devons créer des espaces où la biodiversité trouve sa place, où le minéral et le végétal se répondent, où tous les habitats cohabitent harmonieusement.

Être architecte, aujourd’hui, c’est penser des espaces où la vie sous toutes ses formes peut s’épanouir. C’est concevoir des bâtiments qui respirent, qui absorbent et rejettent avec sobriété, qui dialoguent avec leur environnement. 

C’est imaginer des toitures où poussent des prairies, des façades qui accueillent des nids, des villes où chaque parcelle participe au grand cycle du vivant.

 

Regardons l’Architecture comme un bien commun à défendre

L’architecture ne doit pas être considérée comme un luxe réservé à quelques-uns, mais comme un bien commun, une matière indispensable à la qualité de vie de tous. 

Nous devons ensemble réaffirmer l’intérêt général que porte l’architecture, un intérêt qui transcende les frontières de nos disciplines.

C’est dans cet effort d’inclusion que réside la force de notre profession et de sa transmission.

 

Formons le regard des citoyens de demain

Il est donc temps de repenser la place de l’architecture dans l’éducation. Pourquoi ne pas enseigner les fondamentaux de l’architecture (dès le collège par exemple ?).

Former le regard des citoyens de demain, leur apprendre à comprendre et à apprécier leur environnement bâti, c’est leur donner les clés pour devenir des acteurs éclairés et exigeants de nos villes et de nos territoires. Cette ambition éducative est une condition essentielle pour replacer l’architecture au cœur de la société.

Ensemble soyons audacieux. Faisons entendre nos voix. Collaborons avec tous les acteurs de notre région de la construction, les élus, les collectivités locales, les citoyens, pour rester au cœur des décisions qui dessinent l’avenir.

C’est en unissant nos forces que nous pourrons relever les défis qui nous attendent. Je formule le vœu que cette année 2025 marque un tournant : celui où l’architecture ne sera plus seulement vue comme une compétence, mais comme une réponse, une vision, une opportunité, une espérance. 

Collectivement, faisons en sorte que nos projets ne soient pas seulement des bâtiments, mais des leviers de transformation sociale, écologique et culturelle.

Je vous invite tous à continuer à travailler main dans la main, à échanger et à collaborer, car c'est ensemble que nous pourrons relever ces défis. 

Alors, à l’heure où nous nous apprêtons à affronter de nouvelles problématiques, réaffirmons cette conviction : l’architecture est d’intérêt public. Elle mérite toute notre attention, tout notre engagement. Car en bâtissant des espaces qui nous rassemblent et nous élèvent, elle transforme nos vies – et, sans doute, notre monde.

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