Revue n°53

« Le soleil lui-même a jadis été une nouveauté.
Et la terre fut une nouveauté.
Et l’homme fut une nouveauté.
L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention.
Et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création »
Ces mots, Jean Jaurès les a prononcés dans son Discours à la jeunesse, à Albi, en 1903.

Dans un « Appel à l’architecture », le 23 novembre 1997, André WOGENSCKY a écrit :
« Une ville est une grande architecture où la forme et les proportions des vides ont autant d’importance que celle des pleins. Les villes
ont besoin d’être l’expression contemporaine, toujours nouvelle,
qui exprime les valeurs fondamentales et permanentes de la pensée des femmes et des hommes. »
Si j’évoque ces quelques phrases, c’est pour rappeler que l’architecture a bien souvent été considérée comme le patrimoine de l’humanité.
Il faut s’interroger sur la place de l’architecture et sur le rôle des architectes pour répondre aux enjeux et aux défis d’un monde en crise, interdépendant et en perpétuelle évolution. C’est le moment opportun de tenter une recherche des conditions d’un nouvel élan et d’une plus grande visibilité d’une architecture de qualité mise au service des citoyens et de graver dans le marbre comme autant de versets sacrés ces paroles si généreuses :

« la création architecturale est d’intérêt public... »

Mais aujourd’hui, dans l'univers décentré qui nous gouverne, l'architecture doit lier son destin aux grands enjeux de ce XXIe siècle :
- les enjeux écologiques de la survie de la planète,

- les enjeux sociaux et culturels du bien vivre ensemble ,
- les enjeux économiques de la création de valeur dans les échanges marchands.
Si la mondialisation fait peur, elle nous apprend aussi que
le monde est à nous. Nous sommes à une époque où, quand il se passe un événement dans le monde, des milliards de personnes le connaissent en même temps.
Le monde nous appartient comme jamais dans l’histoire
de l’humanité, et il nous oblige.
Si l’éducation n’arrive plus à résoudre les tensions d’une société multiculturelle, l’architecture et ses pratiques urbaines ne peuvent-elles pas participer à les tempérer
et l’espace public n’est-il pas l’antidote à une trop grande mondialisation privée ?
Si l’on continue à se focaliser uniquement sur les métro- poles, on constatera de plus en plus le décrochage des villes de moindre importance et les territoires ruraux. Il faut donc élargir la réflexion à des territoires plus vastes comme notre région Grand Est qui pourrait lancer des consultations visant à tisser des réseaux de villes autour de grandes thématiques : la santé, l’éducation, la mobilité, la formation, l’urbanisme, l’architecture et l’habitat. Le territoire régional doit être repensé à travers une vision renouvelée, humaniste et offensive de la politique économique et de l’aménagement du territoire.

Les liens entre le contexte mondial, les mutations du territoire et les villes montrent comment la région peut créer de nouveaux chemins de croissance dans une société bouleversée par la révolution numérique et la conversion écologique.

Les dysfonctionnements affectent tous les secteurs de l’économie, particulièrement le logement et l’architecture y paie un lourd tribut.
Pourquoi continuer à défavoriser à ce point l’architecture, à complexifier aussi extraordinairement l’environnement français ? Au point que plus le projet est imposant, iconique, plus le pouvoir administratif fait preuve de zèle, alors qu’on devrait faire l’inverse !

Comme le souhaite Catherine Jacquot, notre Présidente nationale, il appartient à l’Ordre des Architectes de porter un nouveau projet « architecture, économie, emploi » qui pourrait se décomposer en cinq volets :

– Faire connaître et promouvoir l’architecture
– Former plus d'architectes
– Dynamiser la recherche architecturale
– Moderniser et renforcer les capacités économiques de notre profession

– Conquérir de nouveaux marchés

Dans le contexte du regroupement des 3 CROA’s pour organiser et préparer le nouveau CROA Grand Est, après un travail très conséquent réalisé par le comité de pilotage en collaboration avec le cabinet de consultance Gradian, je ne peux que regretter, à ce jour, l’attitude et la rupture déclarée et affichée par le Conseil Régional d’Alsace et son président Alexandre da Silva, à l’égard de la Champagne Ardenne et de la Lorraine.

2017 sera la dernière année d’existence du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes de Champagne-Ardenne, créé en 1978. Nous souhaitons marquer cet évènement avec le plus grand nombre de consœurs et confrères champardennais lors de notre dernière Réunion Annuelle le 19 mai 2017, alors inscrivez dès à présent cette date sur vos agendas.

Pour cette nouvelle année 2017, le Conseil et moi-même, nous vous présentons, à toutes et à tous, nos meilleurs vœux de santé, de bonheur et vous souhaitons l’accomplis- sement de vos projets personnels et professionnels."

Alain Motto

Président du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes de Champagne-Ardenne

Publié le 25.07.2017
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