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Lancé par The Shift Project au printemps 2020, le Plan de transformation de l’économie française (PTEF), vise à proposer des solutions dans chaque secteur pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ce plan a vocation également à « alimenter le débat public » dans le cadre des élections présidentielles de 2022. Il consiste à concevoir un « programme systémique de mesures opérationnelles » afin de respecter l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 2°C.
Le 7 octobre 2021, The Shift Project a publié son premier rapport final pour le secteur du logement dans le cadre du PTEF. Avec 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France, principalement générées par le chauffage et les consommations d’eau chaude sanitaire (ECS), le secteur du logement fait face à trois enjeux majeurs : réduire ses émissions, sortir de sa dépendance aux énergies fossiles et s’adapter aux événements climatiques extrêmes.
Dans ce rapport intitulé « Habiter dans une société bas carbone », le think tank appelle à « planifier dès aujourd’hui la décarbonation progressive du secteur du logement ». Ce travail repose sur une « analyse des flux » (matière, énergie, nombre de logements, et nombre d’emplois dans le secteur) et sur « une approche systémique » de la transformation du logement, en considérant les interactions avec d’autres secteurs (approvisionnement énergétique, consommation de matières, etc.) pour déterminer les leviers de la décarbonation à actionner dès 2022, et à l’horizon 2050.
Dans son rapport, The Shift Project avance plusieurs leviers de décarbonation du logement qui s’articulent autour de quatre axes d’actions :
Le Shift Project suggère une réduction « progressive » du nombre de logements neufs construits chaque année en France, « en cohérence avec la démographie », et à réduire en premier la construction de maisons individuelles pour limiter l’artificialisation des sols. Un autre levier de réduction des constructions neuves consiste à convertir des logements vacants, voire secondaires, en principaux logements, en renforçant en particulier l’attractivité des logements aujourd’hui délaissés (rénovation, créations d’emplois locaux, etc.).
A l’inverse, la filière de rénovation devrait « monter en puissance » pour atteindre d’ici dix ans le rythme d’un million de logements rénovés chaque année, en ciblant en priorité « les logements les plus énergivores et consommateurs d’énergies les plus carbonées ». Pour le Shift Project, il faut « systématiser la rénovation globale et performante si possible en une seule fois, au détriment des gestes de rénovations mono-lots » « et amener tous les logements d’étiquette énergie DPE supérieures à C vers des étiquettes A, B ou C ».
AXE 3 : décarboner la chaleur
En matière de décarbonation des sources d’énergie, le Shift Project recommande par ailleurs de remplacer tous les chauffages fossiles au profit de sources d’énergie bas carbone, tout en maximisant l’exploitation de chaleur fatale et de chaleur renouvelable. Il faudrait raccorder 5 millions de logements collectifs à un réseau de chaleur urbain, et installer des pompes à chaleur (PAC) dans « plus de 10 millions de logements », estime le Shift. En ce sens, il préconise de cesser « tout soutien » aux énergies fossiles, y compris dans les aides financières à la rénovation globale. Il s’agit également de consommer avec sobriété (surface des logements, température de chauffage et de climatisation, etc.) pour décarboner les usages du logement.
Mobiliser le bâtiment comme « puits de carbone » implique un recours accru aux matériaux biosourcés permettant de stocker du carbone, comme le prévoit en partie la RE2020, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2022. Pour le Shift, il faudrait mettre en place « éventuellement » la réglementation des produits mis sur le marché, « afin d’utiliser la rénovation pour augmenter les puits de carbone » (stockage dans les matériaux isolants biosourcés notamment – ouate de cellulose, chanvre, etc.). La contribution du stockage doit toutefois être envisagée de manière dynamique en intégrant l’empreinte carbone en cycle de vie des matériaux (extraction, fabrication, transport, etc.). Les isolants, comme les autres matériaux, n’ont pas non plus tous les mêmes propriétés techniques (inertie et impact sur le confort d’été, épaisseur à performance égale…).
Si l’ensemble de ces propositions étaient mises en œuvre, alors la transformation du parc conduirait à 22% de logements supplémentaires en 2050, estime le Shift. L’ensemble des logements présenterait des « consommations d’énergies faibles » grâce à « la généralisation d’une isolation performante ». Aucun logement ne serait chauffé par une énergie fossile, ni ne présenterait une étiquette supérieure à C sur l’échelle du DPE.
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Selon le rapport, l’impact carbone (énergie-climat) de la construction neuve devrait diminuer de « plus de 75% », avec la diminution importante des surfaces neuves, la décarbonation des processus industriels (matériaux et mise en œuvre) ainsi que le remplacement partiel de certains matériaux aux émissions incompressibles (ciment notamment).
En termes d'emplois, le Shift Project estime à 110 000 le nombre d'emplois supplémentaires qui seraient nécessaires dans le secteur de la rénovation énergétique, sans toutefois prendre en compte les difficultés de recrutement auxquelles est confronté aujourd’hui le secteur. La massification de la rénovation thermique globale requiert en outre « une montée en compétences du secteur », rappelle le Shift.
Au-delà des leviers réglementaires et d’accompagnement, l’action de l’Etat doit s’appuyer sur des leviers financiers pour massifier la rénovation énergétique. Le Shift recommande d’augmenter notamment « les plafonds des aides pour diminuer le reste à charge des rénovations », en ciblant en particulier les ménages les plus modestes. Il conviendrait également de faire évoluer les aides, de manière surtout à « inciter fortement à la rénovation globale » tout en permettant « l’accès à des crédits adaptés pour le financement du reste à charge ».
Pour aller plus loin :
Auteurs : Rémi Babut, chef de projet « Logement » et auteur du rapport, avec le soutien de Maxime Efoui-Hess, coordinateur du projet. Yannick Saleman, Vinciane Martin et Antoine Belloir ont contribué aux travaux sur l’emploi et le financement.
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