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Dans sa note d’analyse du 6 novembre 2020, le PUCA propose une étude sur « Le logement face à la crise », qui révèle comment la crise due à l’épidémie de Covid-19 a exacerbé les difficultés pour les plus précaires et creusé les inégalités entre populations, quartiers et types de territoires.
En s’appuyant sur plusieurs études, enquêtes nationales et internationales, parues sur le sujet, cette note aborde principalement les besoins en matière d’hébergement d’urgence, le problème de surpeuplement, la nécessité de concevoir des logements plus flexibles et l’évolution des choix résidentiels.
L’étude souligne notamment le rôle amplificateur de la crise sur les problèmes des sans-abris et du mal logement, liés à la suroccupation, aux situations d’isolement et aux défauts des logements. La crise a par exemple mis en évidence l’incapacité à confiner une partie de la population qui n’a pas accès à un logement stable (sans-abris, migrants, ménages précaires, etc.). Si des solutions d’hébergement temporaires ont été trouvées, en réquisitionnant des hôtels, la question se pose notamment du devenir des mal-logés et des réfugiés après l’état d’urgence.
Comme l’explique le PUCA, l’enjeu consiste aussi à prévenir l’apparition de nouvelles précarités, en renforçant notamment l’offre en matière d’hébergement d’urgence, qui se traduirait par « la formulation d’AMI sur la création de solutions modulaires pour répondre aux besoins à venir face – entre autres – à la possible récurrence de ces phases de confinement ». Parmi les autres leviers envisagés, le PUCA rappelle que les Nations Unies préconisaient la mise en place d’un moratoire sur toutes les expulsions pendant la crise, pour assurer « un hébergement sûr » à tous les habitants (migrants, victimes de violences domestiques, etc.) et des « solutions temporaires permettant de pratiquer la distanciation physique si nécessaire » (voir le rapport de l’ONU « La Covid-19 dans un monde urbain », Juillet 2020)
1.Accumulation des difficultés liées au surpeuplement
Les mesures de confinement mises en place depuis le début de la crise touchent de façon différenciée les habitants, selon le type de logement occupé et la composition de leur ménage. Cette étude souligne d’une part l’accumulation des difficultés pour les ménages vivant dans un logement surpeuplé, en particulier quand les activités de chacun sont contraintes de s’exercer à domicile. Or, cette situation, surtout visible dans les grandes villes, concernerait plus de 5 millions de français selon l’Insee (Conditions de vie des ménages en période de confinement, Avril 2020).
2. Aggravation des situations d’isolement
De même, alors que l’Insee compte 10,5 millions de personnes vivant seules dans leur logement, dont près d’un quart ont 75 ans ou plus, le confinement a aggravé leur situation d’isolement. Les personnes âgées vivant notamment dans les EHPAD, mais aussi les jeunes, vivant souvent seuls dans de petits logements, ont pu être confrontés à des « situations de détresse sociale absolue »
3. Sensibilisation accrue aux défauts du logement
D’une manière générale, la crise a rappelé, si ce n’est révélé, les défauts de qualité du logement. Selon les résultats de l’enquête menée par Idheal (Institut des hautes études pour l’action dans le logement), si les français sont globalement satisfaits de leur logement, la plupart a besoin de plus d’espace, intérieur et extérieur. En outre, selon l’étude initiée par Qualitel/Ipsos, la crise a souligné le lien entre « mal-être chez soi et conditions de vie ». Alors que le confinement aurait été « bien vécu » par les habitants de maisons en milieu rural, il a amplifié l’impact de la crise pour ceux vivant dans des appartements « trop petits et peu adaptés aux familles ».
Par ailleurs, le confinement a montré souvent l’impossibilité pour les habitants de « se mettre au calme » dans leur propre logement. A ce titre, des architectes ont alerté sur l’absence de normes strictes sur l’isolation phonique au sein d’un même foyer, qui permettraient aux occupants de s’isoler chez eux. Ils souhaiteraient également pouvoir imposer des cloisons épaisses.
Pour les professionnels de l’urbain, plusieurs interrogations concernant les propriétés spatiales et fonctionnelles du logement ont émergé durant la crise. En effet, le confinement les a d’abord poussés à s’interroger à l’échelle du logement, sur l’évolution des besoins en matière de superficie et de cloisonnement des espaces. Mais, rapidement le confinement a conduit à réinterroger le mode de vie des habitants, invitant ainsi les professionnels à repenser globalement le modèle du logement, en travaillant à la fois sur son organisation interne et son rapport à l’environnement extérieur (relations de voisinage, espaces verts, etc.).
Au-delà d’un travail sur la qualité architecturale, des « changements profonds » sont nécessaires dans la manière de concevoir les logements. A ce titre, le PUCA rappelle notamment que certains acteurs de l’aménagement, comme les architectes, insistent sur l’importance d’associer les habitants, dès la conception, afin de « mieux cerner les besoins » et de « proposer des espaces offrant plus de flexibilité ». A plus grande échelle, certains privilégient l’urbanisme tactique, pour intégrer la réversibilité et l’évolutivité des bâtiments, logements et équipements publics. En s’inspirant du modèle du « coliving », un collectif d’architectes propose par exemple de repenser l’organisation des logements comme les EHPAD et résidences étudiantes pour protéger les habitants et le personnel contre les épidémies : « l’idée serait de concevoir chaque niveau comme une unité autonome, sécable en quelque sorte, rassemblant à la fois des chambres et des espaces communs. En cas de crise, on pourrait ainsi confiner une partie des bâtiments, et laisser l’autre fonctionner sur un autre régime ».
Enfin, en démontrant les manques et défauts du logement, l’expérience du confinement a eu pour effet également d’entraîner des discours favorables à l’extension de l’espace, d’autant plus quand la densité urbaine a été assimilée par certains à la vitesse de propagation du virus, à la « contagion ». Or, cette conception va à l’encontre des politiques à privilégier pour lutter contre l’étalement urbain et atteindre les objectifs de développement durable, notamment celui de sobriété foncière. Cela montre tout l’enjeu de travailler les formes architecturales et urbaines pour que « la densité soit désirable ». Comme le souligne le PUCA, il est nécessaire en particulier d’imaginer de nouvelles formes urbaines pour concilier « densité, nature et intimité » mais aussi de « travailler la question des espaces intermédiaires extérieurs, collectifs mais privés ».
Pour finir, l’étude esquisse plusieurs scénarios pour penser l’avenir du logement. Les professionnels souhaitent appréhender les effets de la crise sur l’évolution des choix résidentiels et du marché immobilier. Dans un premier temps, les enquêtes ont montré que « le confinement a fait ressurgir l’envie d’intimité, de nature et d’espace notamment dans les projections d’achat », ainsi qu’une « attractivité nouvelle pour les petites et moyennes villes ».
Néanmoins, ces tendances sont à tempérer, principalement pour deux raisons : l’impact économique de la crise vient peser sur les décisions d’achat des ménages (baisses des revenus, anticipations négatives sur l’emploi, etc.) et plus largement sur le marché immobilier (incertitudes sur les variations de prix, évolution de la réglementation et des aides, etc.). En particulier, la politique de logement post-covid pourrait se traduire par une baisse relative de loyers dans les métropoles, avec une baisse globale de la demande, au profit des villes moyennes.
Ensuite, la crise pourrait conduire également au développement de modes d’habiter plus communautaires (habitat partagé ou participatif, coliving, etc.) mis en avant pendant le confinement, reposant sur des « réseaux de solidarité locale », « l’essor des circuits-courts » et une « économie du partage ». Enfin, la crise a souligné en particulier le « besoin pour les logements d’accueillir différents usages dans le temps, en fonction de l’évolution des contraintes imposées par le confinement ».
A ce titre, le PUCA souligne que les professionnels de l’aménagement sont amenés à mieux prendre en compte la dimension temporelle des espaces pour répondre à l’évolution des besoins mais aussi anticiper de futures crises. Leur attention devrait porter principalement sur la réversibilité des espaces et la proximité des logements aux services.
>> Télécharger la note « Le logement face à la crise sanitaire » (Octobre 2020)
ARCHITECTE ou société d’architecture
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