Transition écologique

L’intensité énergétique des logements a diminué, sans éliminer les « passoires thermiques »

Depuis 2000, l’intensité énergétique du secteur résidentiel français a baissé de 24%, selon l’édition 2021 du rapport « Data Lab » du ministère de la Transition écologique, publiée le 28 septembre. Cette baisse est attribuée à la l’amélioration de la performance énergétique des constructions neuves, ainsi qu’« à l’effort de rénovation » dans l’ancien. Mais, ces progrès n’ont pas permis d’éradiquer les passoires thermiques, qui représentent 17% du parc.
Evolution intensité énergétique par secteur

Tous secteurs d’activité confondus, l’intensité énergétique finale[1] des bâtiments, qui mesure l’efficacité énergétique, diminue de façon "quasiment continue" depuis 2000 (-1,3% en moyenne par an), selon l’édition 2021 du rapport « Data Lab » du ministère de la Transition écologique (MTES), publié le 28 septembre. Cette baisse est "particulièrement forte" dans le secteur résidentiel, où l’intensité énergétique a diminué de 24 % depuis 2000. Pour le MTES, cette évolution « traduit de meilleures performances énergétiques dans les logements neufs, ainsi que des efforts de rénovation dans les logements anciens ».

La moitié de l’énergie est consommée par le secteur résidentiel-tertiaire en France

En 2020, la consommation finale énergétique de la France, corrigée des variations climatiques, s’élève à 1 562 TWh[2], soit un chiffre en baisse par rapport à 2019 (- 5,6 %) du fait de la pandémie liée au coronavirus. Mais le secteur résidentiel-tertiaire est « de plus en plus prédominant », avec 49% de l’énergie finale consommée en 2020 (contre 43% en 1990). 

Toutefois, la consommation énergétique du secteur résidentiel, corrigée des variations climatiques, diminue « légèrement » depuis dix ans, en passant de 500 TWh en 2010 à 486 TWh en 2019, selon les chiffres du MTES. L’électricité y demeure l’énergie la plus consommée (34%), devant le gaz naturel (29%), les énergies renouvelables (23%) et les produits pétroliers (11%).

 

Une efficacité insuffisante des rénovations de maisons individuelles

En 2019, 2,3 millions de ménages habitant en maison individuelle ont finalisé des travaux de rénovation énergétique, pour un gain énergétique total estimé à 8,1 TWh/an en énergie finale. Soit 2,5% de la consommation conventionnelle totale d’énergie finale des maisons individuelles.

Sur les 3,6 millions de gestes de rénovation ayant permis un gain énergétique, ceux portant sur les toitures et les combles sont les plus nombreux (980 000), devant le travail sur les ouvertures (705 000) et le remplacement du système de chauffage (572 000).  

Mais la rénovation énergétique actuelle « par gestes » ne permet ni d’atteindre un niveau de performance satisfaisant ni de parvenir aux objectifs nationaux de baisse de consommation, notamment en matière de lutte contre les « passoires thermiques » et la précarité énergétique, ou encore de réduction des émissions de CO2.

  • Près de 5 millions de « passoires thermiques » en France

En 2019, 4,8 millions de logements (17% du parc) sont des « passoires thermiques » (étiquettes F et G), plus souvent des maisons individuelles (18,7%) que des logements collectifs (14,7%). Plus d’un tiers des appartements appartiennent autrement à la classe de consommation D (36%), et 24% du parc total à la classe E. Au final, sur l’ensemble du parc de résidences principales (29 millions de logements), seulement 1,9 millions de logements (6%) « sont peu énergivores » (étiquettes A et B du DPE), indique le rapport.  

Autrement dit, 94% des logements ont une étiquette inférieure à B, alors qu’il faudrait atteindre d’ici 2050 un niveau de performance énergétique BBC (correspondant aux étiquettes A et B), afin de réduire les émissions de GES du secteur résidentiel.

  • Les rénovations « par gestes » ne permettent pas d’atteindre des niveaux de performance satisfaisant

En effet, les pratiques de rénovation actuelles partielles (approche « par gestes » ou par « petits bouquets de travaux ») ne permettent pas d’atteindre le niveau « BBC rénovation » à l’horizon 2050, selon l’Ademe dans son rapport[3] publié en janvier 2021. Cette analyse fait apparaître en particulier des écarts significatifs de performance entre les parcours de rénovation : 

- Les pratiques actuelles (traitement de 5 des 6 postes de travaux avec une performance alignés avec les seuils des aides financières) ne permettraient pas au parc d’atteindre le niveau de performance à terme. Un tel programme de rénovation, en misant sur l'opportunité des dispositifs d'incitation divers sans pour autant coordonner les différents postes de travaux, a un risque de générer des pathologies, avec un mauvais traitement des interfaces (ponts thermiques qui dégradent l'isolation, l'étanchétié à l'air, etc.). Cette approche non globale peut ainsi augmenter de 30% à 60% les consommations énergétiques en moyenne sur le parc, selon l'Ademe.

- A l’inverse, la rénovation complète et performante, avec nécessairement simultanément six gestes de travaux, permet d’amener le parc au niveau de performance fixé, en termes de consommation (80 kWh/m² par an pour le chauffage et l’ECS, soit le niveau « BBC rénovation »), de confort et de santé pour les habitants, ainsi que de préservation du bâti.

Remplacer le système de chauffage génère 45% des gains énergétiques totaux, selon le MTES. Effectuer simultanément des travaux de rénovation sur la toiture, sur les murs, ayant trait à la ventilation et aux ouvertures (fenêtres, portes, baies vitrées) permet d’accroître cette performance, avec 49% de gains énergétiques supplémentaires.

 

L’ordonnancement des travaux de rénovation est en outre crucial pour le bon fonctionnement des systèmes de productions de chauffage. Privilégier en premier les travaux d’isolation et de ventilation permet d’éviter des pathologies mais aussi « un surdimensionnement des systèmes de chauffage grevant la performance des systèmes de production de chauffage », explique aussi l’Ademe.

  • Un ménage dépense en moyenne 1602€ en énergie pour son logement

Aller vers des rénovations de plus en plus globales, qui engendrent davantage d’économies d’énergies, constitue également une « solution », sur le long terme, pour lutter contre la précarité énergétique, surtout dans un contexte de renchérissement des prix (gaz et électricité).

En 2019, un ménage consacre en moyenne 14% de son budget pour son énergie dans le logement, dont 944€ d’électricité, 380€ de gaz naturel, 183€ en produits pétroliers, 52€ en bois et 43€ en chaleur distribuée par réseau. La fiscalité pèse près d’un tiers de cette dépense, avec notamment 268€ de taxes énergétiques en moyenne par ménage.

Il faut ajouter à cela les dépenses en carburants (1 542€/an en moyenne), qui sont désormais « quasiment stables » (0,4%).

Les dépenses pour le logement ont augmenté en 2019 (+1,7%), pour la deuxième année consécutive (+2,4% en 2018). Mais, à court terme, la dépense en énergie pour le logement « dépend beaucoup de la rigueur de l’hiver et des besoins de chauffage qui en découlent », rappelle le Ministère.

Pour aller plus loin :

[1] L’intensité énergétique finale est définie comme le ratio de la consommation énergétique finale du secteur à sa valeur ajoutée, sauf pour le résidentiel, où le dénominateur est la surface totale des logements habités, et dans les transports, où l’indicateur mesure la consommation unitaire des véhicules.

[2] Térawattheure

[3] Source : Rapport de l’ADEME, Dorémi, Enertech : « La rénovation performante par étapes - Étude des conditions nécessaires pour atteindre la performance BBC rénovation ou équivalent à terme en logement individuel » (2020).
Lire la synthèse :https://www.architectes.org/actualites/l-ademe-presente-les-conditions-de-reussite-pour-une-renovation-performante

Ressource -
Publiée le 05.10.2021 - Modifié le 06.10.2021
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(Source : Rapport Datalab "Chiffres clés de l'energie 2021", Ministère de la transition écologique et solidaire)
Evolution des intensités énergétiques finales par secteur