Séminaire sur les actions pédagogiques
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--> Le Réseau des Maisons de l'architecture a organisé le 19 mai dernier au Musée des beaux-arts de Grenoble un séminaire sur la question des "actions pédagogiques et de sensibilisation en direction du public scolaire et des enseignants".
Voici le compte-rendu réalisé par Jean-Louis Violeau et paru dans le n°162 Juin-juillet du magazine AMC :
"Si vous en avez assez d’être renvoyé aux « grands ensembles » sitôt que vous voulez mettre en valeur les compétences de l’architecte, si vous souhaitez que l’on fasse appel à vos services au-delà et en-deçà des 170 m2, si vous en avez assez d’entendre vos confrères s’interroger sur l’idée même de se « concerter » avec des citoyens pour qui l’architecture demeure une terre à peu près inconnue, alors vous êtes inévitablement un partisan des « actions pédagogiques et de sensibilisation en direction du public scolaire et des enseignants », pour reprendre in extenso le titre du séminaire qui s’est tenu le 19 mai dernier au Musée des beaux-arts de Grenoble sous l’égide du réseau des Maisons de l’Architecture.
"Deux ans après le coup d’arrêt porté par François Fillon, alors Ministre de l’Education nationale, au programme incitatif des classes à PAC (à Projet Artistique et Culturel) lancé en décembre 2000, les Maisons de l’Architecture, elles-mêmes le plus souvent très engagées, entendaient tirer un premier bilan tant de la floraison d’initiatives, d’investissements divers et de bonnes volontés qui s’étaient alors fait jour au tout début des années 2000, que de leur inévitable précarisation, faute de moyens et de pérennité des dispositifs [pour un bilan guère plus encourageant des arts à l’école, voir Sophie Flouquet, « Péril en la demeure », Le Journal des arts, n°237, du 12 au 25 mai 2006].
"La matinée fut consacrée au témoignage d’acteurs engagés depuis un moment déjà dans ces opérations de sensibilisation en direction des jeunes et des scolaires, mais aussi de personnes âgées parfois, ainsi qu’en a témoigné avec sensibilité Philippe Jacques d’Arc-en-rêve, institution pionnière sur ce terrain de la pédagogie. Partir de l’expérience personnelle, à quelque niveau que ce soit, de l’écolier du monde rural à l’accédant potentiel à la propriété, voilà semble-t-il le préalable indispensable au succès de toute tentative de médiation. Parce qu’a priori, l’architecture en tant que telle n’intéresse personne ou bien alors, dans le meilleur des cas, elle intimide. Béatrice Auxent, du CAUE du Nord, a présenté le rôle de son institution comme une ressource, indispensable et parfois méconnue des partenaires potentiels, tandis que Mireille Sicard a présenté pour sa part le rôle-charnière de la Maison de l’Architecture, celle de l’Isère en l’occurrence, dans la mise en relation des professionnels souhaitant consacrer une partie de leur temps à ces initiatives avec les partenaires de l’Education nationale. Des professionnels souvent inventifs, d’ailleurs, ainsi qu’en a témoigné la présentation de jeux pédagogiques (construire dans la pente, éditer une bande dessinée…) à destination des petits comme des grands.
"L’après-midi s’est ouvert avec la présentation, par Marianne Veillerot de l’ENSA Grenoble et Jean-Philippe Charon de l’association « Architecture et Regards », d’une série de saynètes, caustiques et ironiques, qui peignaient autant la bonne volonté un peu naïve des architectes-praticiens que les multiples obstacles que celle-ci rencontre lorsqu’elle pénètre le maquis des dispositifs de l’Education nationale. A bon entendeur… Dans la foulée, une vaste table-ronde où tous les acteurs institutionnels, DAPA, DRAC, Rectorat, CNOA, CAUE, et puis l’UIA, ont pu à leur tour témoigner de leurs initiatives. Visiblement, cinq années après l’impulsion initiale, les acteurs ont appris à se connaître, ils ont testé les limites de chacun et fait quelques pas les uns vers les autres. Manque, bien entendu, le nerf de la guerre, mais les envies sont là, manifestes. Un « référentiel » marquant les étapes d’une progressivité de cette pédagogie embryonnaire a par exemple été édité par la DAPA. Le Rectorat a détaché des enseignants pour encadrer et valider ces initiatives. La DRAC joue son rôle de courroie de transmission. Et puis tout est un peu plus simple quand, à proximité, une Ecole d’architecture offre ses ressources et ses moyens. Ainsi l’ENSAG, dont le directeur Vincent Michel en a profité pour annoncer le lancement d’une formation officielle à la médiation concrétisant les efforts de cette Ecole depuis plusieurs années déjà sur ce terrain-là.
"Se posent quand même encore quelques questions : si ces dispositifs se pérennisent, qui va former les formateurs ? Comment s’inscrire définitivement dans les programmes ? Une option « consacrée » ? Quel corpus ? Quelles références ? Mais après tout, faut-il codifier, est-ce bien raisonnable ? Quelle discipline « correspondante » ? Un CAPES d’architecture, mieux vaut ne pas y penser… Le français, l’histoire-géo ? Alors, une insertion dans les programmes à l’image de l’éducation civique, pour finir ? Et les arts plastiques ? Evidemment. Mais quelle place accorder au sensible au sein d’une institution scolaire parfois rétive ? Comment mieux mutualiser les moyens et les forces sachant que l’on partage plus volontiers dans l’abondance ? Comment faire en sorte que les partenariats ne se réduisent pas à la somme des bonnes volontés et engagent à chaque fois des financements croisés ? Du théorique au prosaïque, bien des questions restent donc en suspend, mais la réflexion est féconde. Rendez-vous est pris à l’automne pour une autre rencontre, sans doute au Sénat à Paris, pour élargir ces débats stimulants toujours sous l’égide des Maisons de l’architecture et donc des architectes, très intéressés par ces questions, on se demande bien pourquoi.
JL Violeau"
Voici le compte-rendu réalisé par Jean-Louis Violeau et paru dans le n°162 Juin-juillet du magazine AMC :
"Pourquoi des pédagogues ?
"Si vous en avez assez d’être renvoyé aux « grands ensembles » sitôt que vous voulez mettre en valeur les compétences de l’architecte, si vous souhaitez que l’on fasse appel à vos services au-delà et en-deçà des 170 m2, si vous en avez assez d’entendre vos confrères s’interroger sur l’idée même de se « concerter » avec des citoyens pour qui l’architecture demeure une terre à peu près inconnue, alors vous êtes inévitablement un partisan des « actions pédagogiques et de sensibilisation en direction du public scolaire et des enseignants », pour reprendre in extenso le titre du séminaire qui s’est tenu le 19 mai dernier au Musée des beaux-arts de Grenoble sous l’égide du réseau des Maisons de l’Architecture.
"Deux ans après le coup d’arrêt porté par François Fillon, alors Ministre de l’Education nationale, au programme incitatif des classes à PAC (à Projet Artistique et Culturel) lancé en décembre 2000, les Maisons de l’Architecture, elles-mêmes le plus souvent très engagées, entendaient tirer un premier bilan tant de la floraison d’initiatives, d’investissements divers et de bonnes volontés qui s’étaient alors fait jour au tout début des années 2000, que de leur inévitable précarisation, faute de moyens et de pérennité des dispositifs [pour un bilan guère plus encourageant des arts à l’école, voir Sophie Flouquet, « Péril en la demeure », Le Journal des arts, n°237, du 12 au 25 mai 2006].
"La matinée fut consacrée au témoignage d’acteurs engagés depuis un moment déjà dans ces opérations de sensibilisation en direction des jeunes et des scolaires, mais aussi de personnes âgées parfois, ainsi qu’en a témoigné avec sensibilité Philippe Jacques d’Arc-en-rêve, institution pionnière sur ce terrain de la pédagogie. Partir de l’expérience personnelle, à quelque niveau que ce soit, de l’écolier du monde rural à l’accédant potentiel à la propriété, voilà semble-t-il le préalable indispensable au succès de toute tentative de médiation. Parce qu’a priori, l’architecture en tant que telle n’intéresse personne ou bien alors, dans le meilleur des cas, elle intimide. Béatrice Auxent, du CAUE du Nord, a présenté le rôle de son institution comme une ressource, indispensable et parfois méconnue des partenaires potentiels, tandis que Mireille Sicard a présenté pour sa part le rôle-charnière de la Maison de l’Architecture, celle de l’Isère en l’occurrence, dans la mise en relation des professionnels souhaitant consacrer une partie de leur temps à ces initiatives avec les partenaires de l’Education nationale. Des professionnels souvent inventifs, d’ailleurs, ainsi qu’en a témoigné la présentation de jeux pédagogiques (construire dans la pente, éditer une bande dessinée…) à destination des petits comme des grands.
"L’après-midi s’est ouvert avec la présentation, par Marianne Veillerot de l’ENSA Grenoble et Jean-Philippe Charon de l’association « Architecture et Regards », d’une série de saynètes, caustiques et ironiques, qui peignaient autant la bonne volonté un peu naïve des architectes-praticiens que les multiples obstacles que celle-ci rencontre lorsqu’elle pénètre le maquis des dispositifs de l’Education nationale. A bon entendeur… Dans la foulée, une vaste table-ronde où tous les acteurs institutionnels, DAPA, DRAC, Rectorat, CNOA, CAUE, et puis l’UIA, ont pu à leur tour témoigner de leurs initiatives. Visiblement, cinq années après l’impulsion initiale, les acteurs ont appris à se connaître, ils ont testé les limites de chacun et fait quelques pas les uns vers les autres. Manque, bien entendu, le nerf de la guerre, mais les envies sont là, manifestes. Un « référentiel » marquant les étapes d’une progressivité de cette pédagogie embryonnaire a par exemple été édité par la DAPA. Le Rectorat a détaché des enseignants pour encadrer et valider ces initiatives. La DRAC joue son rôle de courroie de transmission. Et puis tout est un peu plus simple quand, à proximité, une Ecole d’architecture offre ses ressources et ses moyens. Ainsi l’ENSAG, dont le directeur Vincent Michel en a profité pour annoncer le lancement d’une formation officielle à la médiation concrétisant les efforts de cette Ecole depuis plusieurs années déjà sur ce terrain-là.
"Se posent quand même encore quelques questions : si ces dispositifs se pérennisent, qui va former les formateurs ? Comment s’inscrire définitivement dans les programmes ? Une option « consacrée » ? Quel corpus ? Quelles références ? Mais après tout, faut-il codifier, est-ce bien raisonnable ? Quelle discipline « correspondante » ? Un CAPES d’architecture, mieux vaut ne pas y penser… Le français, l’histoire-géo ? Alors, une insertion dans les programmes à l’image de l’éducation civique, pour finir ? Et les arts plastiques ? Evidemment. Mais quelle place accorder au sensible au sein d’une institution scolaire parfois rétive ? Comment mieux mutualiser les moyens et les forces sachant que l’on partage plus volontiers dans l’abondance ? Comment faire en sorte que les partenariats ne se réduisent pas à la somme des bonnes volontés et engagent à chaque fois des financements croisés ? Du théorique au prosaïque, bien des questions restent donc en suspend, mais la réflexion est féconde. Rendez-vous est pris à l’automne pour une autre rencontre, sans doute au Sénat à Paris, pour élargir ces débats stimulants toujours sous l’égide des Maisons de l’architecture et donc des architectes, très intéressés par ces questions, on se demande bien pourquoi.
JL Violeau"
Publié le 11.07.2006 - Modifié le 06.10.2010