Une charte pour une conception-réalisation de qualité ©

La crise a cette capacité à rapprocher les intelligences. Les architectes et les entreprises générales du Nord-Pas-de-Calais ont signé, le 9 septembre, une charte inédite posant les bases d’un bon marché de conception-réalisation, autrement dit qui préserve la place du maître d’œuvre tout au long de la procédure.
Tout est parti d’un recours contre un projet de piscine. Comment éviter ce genre de situation préjudiciable à tout le monde ? En se parlant pardi ! «L’idée-force de cette charte est que chacun tienne son rôle, rien que son rôle mais tout son rôle», explique Béatrice Auxent, présidente du Croa Nord-Pas-de-Calais. «Ce texte ne vient pas remettre en question la loi, il en est complémentaire, précise Philippe Bamas, directeur général de Spie Batignolles Nord et délégué régional d’EGF-BTP. Nous créons le contexte pour faire bien vivre la loi. On vient mettre de l’humain dans le juridique en quelque sorte.»
Sport de combat
La conception-réalisation est, en effet, souvent un rapport de forces, qui apporte de l’eau au moulin de Rudy Ricciotti quand celui-ci décrit l’architecture comme «un sport de combat». Une bonne procédure est donc d’abord une histoire d’hommes. C’est ce qu’ont voulu mettre en avant les signataires de la charte.
Que préconise-t-elle ? Tout d’abord «l’analyse en amont des intentions du maître d’ouvrage, afin d’anticiper les risques de blocage» (objectif 1) et de ne pas en arriver à s’envoyer des recommandés ; de «favoriser l’accès à la commande publique des jeunes architectes» (objectif 2) plutôt que de reprendre toujours les mêmes; de «prendre en compte l’intérêt de la proximité géographique des acteurs du projet en termes de connaissance du territoire et de gains de déplacements» (objectif 3) ; de «clarifier la place de chacun dans l’équipe» (objectif 4), notamment par la signature avant la remise de l’offre d’une convention de groupement précisant la répartition des missions ; d’asseoir «le devoir de conseil des architectes tout au long du projet» (objectif 5) ; de «travailler en interdisciplinarité» (objectif 6), avec un temps de conception architecturale préalable au travail avec l’entreprise qui intègre tous les éléments du programme ; enfin, de réaffirmer le principe «d’apport de compétence de l’architecte dans la direction et l’exécution des travaux, sur le canevas de la loi MOP, y compris sur le suivi financier du projet» (objectif 7).
Des évidences, nous direz-vous ! Mais qui, au moins, ont le mérite d’être ici énoncées et écrites… L’étape suivante c’est de convaincre les maîtres d’ouvrage d’adosser leurs projets à ces bonnes pratiques. Pas de bonne conception-réalisation sans bon maître d’ouvrage ! Le Croa Nord-Pas-de-Calais leur a récemment adressé une lettre ouverte en ce sens, laquelle a commencé à susciter des rendez-vous. Car demeure la question fondamentale de l’indemnisation. S’engager dans une procédure de conception-réalisation c’est toujours prendre un risque et souvent perdre à l’arrivée. «Si cela permet d’apprendre à se connaître avec les entreprises, il faut avoir les épaules solides, explique l’architecte Luc Saison (Saison-Menu). Cinq procédures perdues d’affilée et ce sont les problèmes de trésorerie qui guettent. Cela dit, le PPP c’est encore pire !»
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