Sophie Berthelier reçoit le prix de la femme architecte 2017

Ce prix, organisé par l'Arvha et dont l'Ordre est partenaire, a pour but de mettre en valeur les oeuvres et les carrières de femmes architectes, afin que les jeunes femmes architectes puissent s’inspirer des modèles féminins existants, et d’encourager la parité dans une profession à forte dominante masculine.
4 Prix ont été décernés :
Jeune Femme Architecte
Pour la catégorie Jeune Femme Architecte, le prix est attribué à LA ARCHITECTURES représentée par Linda Gilardone et Axelle Acchiardo
Une Mention Spéciale à Marie BLANCKAERT pour son engagement en participation avec les habitants du Nord pas de Calais.
Oeuvre Originale
Le prix OEuvre Originale est attribué à Cécile MESCAM pour la maison de recueillement du cimetière de Dinan –Bretagne.
Femme Architecte
Le Prix Femme Architecte est décerné à Sophie BERTHELIER pour son oeuvre.
Le Jury a tenu à remettre Mention Spéciale à Dominique MARREC pour le prix femme architecte agence ECDM - Emmanuel COMBAREL Dominique MARREC .
Prix International
Le prix est attribué à CARME PINOS pour son oeuvre (Espagne et Mexique )
Une Mention Spéciale est attribuée à Carin SMUTS pour Son engagement avec les habitants d’Afrique du Sud
280 architectes se sont portées candidates et ont présenté 820 projets.
La cérémonie de remise du prix s’est déroulée au Pavillon de l’Arsenal le 11 décembre 2017 devant plus de 450 personnes. La cérémonie a été introduite par Eva ALVAREZ présidente du Jury 2017 professeur à l’université Polytechnique de Valence architecte espagnole. Le prix Femme Architecte a été remis par Vincent LACAILLE chef du bureau de la qualité de l’architecture et des paysages au ministère de la culture et de la communication et Véronique JOFFRE, le prix OEuvre Originale par Tania CONCKO et la mention spéciale par Ingrid TAILLANDIER, le prix Jeune Femme Architecte par Amelia TAVELLA et la Mention Spéciale par Béatrice AUXENT et le prix international a été remis par Muriel MAYETTE-HOLTZ et la mention spéciale par Fulvia FAGOTTO et Silja TILLNER.
Voici le discours proponcé lors de la cérémonie par Elizabeth Gossart, conseillère national de l'Ordre des architectes :
Monsieur le représentant de la Directrice de l’architecture, madame l’adjointe au maire de Paris chargée de l’égalité Femmes Hommes, madame la directrice de l’ARVHA, madame Catherine Jacquot ancienne Présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes,
Mesdames, Messieurs,
Cela fait maintenant 2 années que j’ai l’honneur d’être invitée à la remise du Prix Femmes Architectes en tant que représentante de notre institution.
C’est d’abord en tant que Secrétaire Générale élue du Conseil de l’Ordre Régional des Architectes du Nord - Pas de Calais que j’y ai participé. Nous avions lancé, en décembre 2014, avec Béatrice AUXENT alors Présidente de l’Ordre Régional Nord-Pas de Calais, le « réseau des femmes architectes et diplômées en architecture » avec le marrainage de Catherine GUYOT. Notre démarche régionale a permis et continue de promouvoir l’architecture faite par les femmes. Il ne s’agit pas de présenter les femmes architectes contre les hommes architectes, mais bien d’égal à égal.
Aujourd’hui, je participe à cette remise de prix Femmes Architectes, en tant que conseillère nationale avec le soutien de notre nouveau président Denis Dessus et de l’ensemble du nouveau conseil.
La profession d’architecte a très longtemps, voire trop longtemps, été une profession masculine. Trop peu de femmes architectes ont été et sont reconnues individuellement pour leur travail exemplaire, car toujours associées à des hommes.
Denise Scott Brown, architecte urbaniste associée de Robert Venturi, pensait que toutes les femmes architectes devaient avoir une conscience féministe. Cette conscience féministe qui nous permet d’être reconnues à part entière.
Le Président français et son gouvernement veulent faire de l’égalité femmes – hommes, une cause nationale. L’actualité de ces dernières semaines ne peut que donner raison à ce réveil sur la condition des femmes et plus particulièrement dans le monde du travail. L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est un réel enjeu national et international. Les différences de salaires et la protection des femmes au travail sont des chantiers à aboutir rapidement maintenant. Nous ne voulons ni ne pouvons plus attendre.
L’Ordre des architectes mène régulièrement, depuis 12 ans, des études sur la démographie et l’économie de notre profession. Et, depuis 2014, l’Ordre a intégré dans ses études « la situation des femmes dans la profession ».
Aujourd’hui, les femmes représentent plus d’un quart des effectifs inscrits au tableau avec un taux de 27%.
Bien sûr, il s’agit d’une moyenne nationale et les disparités régionales sont importantes sans comprendre pourquoi : Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne Franche Comté ne comprennent que 23% de femmes inscrites alors qu’elles sont plus de 30% en Nouvelle Aquitaine, Bretagne ou Normandie.
Alors que les femmes représentent aujourd’hui plus de 40% des effectifs salariés des agences, elles ne sont que 25% à être associées d’agence d’architecture en France.
L’exercice libéral ou d’associé est un réel combat pour une femme architecte qui doit gérer vie privée et vie professionnelle en même temps.
Les écoles d’architectures de France accueillent de plus en plus d’étudiantes et elles représentent aujourd’hui environ 60% du nombre d’étudiants en architecture. L’espoir et la logique tendent vers une augmentation naturelle du nombre d’inscrites.
Aujourd’hui, et grâce à la loi d’Août 2014, les inégalités entre les femmes et les hommes tendent doucement à se réduire… Pourtant, il s’agit d’un combat de tous les jours, pour lequel il faut constamment rester vigilants car les inégalités persistent. Plus de 18% d’écarts de salaires entre femmes et hommes pour un même poste, 40% d’écarts de pensions, et bien d’autres inégalités.
L’Ordre des architectes a appliqué la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes et la réforme de notre institution a été brillamment engagée pendant la présidence de Catherine Jacquot. Elle a su mener à bien cette lourde tâche avec son conseil. Les listes de candidatures des dernières élections nationales étaient paritaires et 6 femmes et 6 hommes ont ainsi intégrés le nouveau conseil depuis le 30 novembre dernier. Le Bureau nouvellement en place est aussi composé de 3 femmes et 3 hommes.
Il est essentiel de rester vigilants et continuer le travail réalisé par Catherine Jacquot pour l’égalité des femmes et des hommes et pour permettre aux jeunes architectes de travailler ; faire de la place aux femmes et aux jeunes générations d’architectes.
Les femmes architectes doivent apprendre à prendre leur place ; c’est un enjeu majeur. Les prix d’architecture pour les femmes en sont une clef, un tremplin pour mettre en avant la qualité de la production féminine qui trop souvent, reste discrète ou anonyme.
Le prix de l’ARVHA existe maintenant depuis 2013 et cette année, le prix est ouvert à l’international. En effet, les problèmes d’égalité entre les femmes et les hommes ne sont pas exclusivement français. C’est à force d’échanges d’expériences avec nos pays voisins, que l’ARVHA a décidé de lancer ce nouveau prix.
Le jury 2017 a donc décerné 4 prix (Prix Jeune Femme architecte, Œuvre originale, Femme architecte et Prix international) ainsi que deux mentions spéciales.
Je reprendrai les mots de Catherine Jacquot : « Au-delà du fait qu’un beau projet fait par une femme architecte soit récompensé, cela est signifiant aussi, sur la place des femmes dans la société.Tant que subsistent des préjugés, il est utile que la promotion du talent des femmes soit servie et organisée par les femmes elles-mêmes. »
Ces phrases écrites et dites par Catherine Jacquot en Mars 2017 symbolisent à elles seules l’utilité et la nécessité du prix de l’ARVHA.
Nous ne devons pas perdre de vue l’impact de la mondialisation sur notre profession. Les transformations écologiques, économiques et culturelles amènent des évolutions nécessaires dans notre réflexion architecturale, urbanistique et territoriale aussi.
La réflexion sur nos modes de vie et d’évolution de société doit être menée par les femmes et les hommes, de manière égalitaire, dans des rôles égalitaires pour limiter la discrimination raciale, sociale, migratoire, territoriale et aussi culturelle.
La place de la femme ne peut pas se détacher de ces préoccupations actuelles ; elle en est induite.
Les femmes doivent accéder aux mêmes fonctions que les hommes,
Les femmes doivent avoir la même reconnaissance publique de leur travail et de leur talent.
Nous devons nous prendre en main, prendre conscience de notre force et avoir confiance en nous en créant nos réseaux de femmes architectes, non pas pour en exclure les hommes mais bien pour exister en tant femmes architectes.
Nous voulons que nos agences dirigées par des femmes de talent participent à l’évolution de notre profession, sans discrimination, ouverte, dans l’acceptation de toutes les différences pour une architecture responsable et de qualité.
Elizabeth GOSSART, conseillère nationale de l’Ordre,
Le 11 décembre 2017
>> Pour en savoir plus : http://www.femmes-archi.org/
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