Réinventer.Paris 2 : de l’utilité de l’architecture

Tribune de Catherine Jacquot : "quitte à faire travailler bénévolement maîtres d’ouvrage publics, privés et maîtrise d’œuvre que ce soit au moins pour être utile, que ce soit en connaissance des causes à servir !"
Espace viaire sous viaduc, boulevard Blanqui, Paris XIII°

Dans les quinze prochaines années, la région Ile-de-France va changer de visage avec l’immense projet d’aménagement urbain qui se structure autour du nouveau réseau de transports en commun, le « grand Paris express » : 68 nouvelles gares, 30 milliards d’euros d’investissements pour relier les sept pôles d’excellence du Grand Paris et placer la capitale au niveau des grandes métropoles mondiales.

La réforme des institutions politiques est en cours qui doit s’adapter à cette explosion de la capitale hors les murs, ou plutôt hors le périphérique.

Paris capitale a un rôle déterminant comme tête de proue de ces évolutions. Cependant cette position n’est guère affirmée et les récents appels à projet feraient plutôt penser à un repli sur soi. Paris réinvente Paris, avec des consultations internationales qui mobilisent des centaines d’équipes pour aménager des terrains en mal d’investisseurs et réhabiliter quelques dizaines de locaux en sous-sol : des centaines de professionnels, maitres d’ouvrage, concepteurs, architectes y travaillent, s’affrontent pour offrir le meilleur projet.

N’y a-t-il pas mieux à faire ?

Quitte à faire travailler bénévolement maîtres d’ouvrages publics, privés et maîtrise d’œuvre que ce soit au moins pour être utile, que ce soit en connaissance des causes à servir !

L’appel à projet est une formule qui fait florès, on le comprend, les collectivités locales y trouvent leur compte avec projets et charges foncières avantageuses, tant pis si parfois innovation rime avec exhibition.

Pourtant nous avons grand besoin de l’engagement des collectivités territoriales dans l’élaboration du cadre bâti et l’innovation première serait d’inventer les procédures appropriées pour que l’architecture soit un bien commun accessible à tous, dans le respect des acteurs professionnels et des habitants.

Les besoins en investissement public sont importants dans plusieurs champs déterminants pour la vie quotidienne : celui des études urbaines, celui de la réhabilitation écologique du bâti existant et à l’heure de l’économie digitale et de la transition écologique, celui de l’expérimentation et de la recherche.

C’est en ce sens que vont la Stratégie Nationale pour l’Architecture et la loi Liberté de création, architecture et patrimoine votée en juillet 2016 qui remettent la création architecturale au cœur de l’innovation et de la qualité des territoires et de l’habitat quotidien.


Catherine Jacquot, 12 juin 2017

Publié le 13.06.2017 - Modifié le 14.06.2017
2 commentaires

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"quitte à faire travailler bénévolement maîtres d’ouvrage publics, privés et maîtrise d’œuvre que ce soit au moins pour être utile, que ce soit en connaissance des causes à servir !"

Y aurait-il des "cas" ou le travail "gratuit" serait normal ??????

J'avoue avoir d mal à accepter cela alors que la semaine précédente on nous annonce que "Tout travail mérite salaire" et que toute production doit nécessairement être rémunérée !

Dans quel but ?

Qui sont les lobbystes ?

Chère madame jacquot, depuis longtemps j'attends de l'Ordre des actions telles que celles que vous avez entamées. je vous félicite, depuis que vous êtes à la tête de l'Ordre, les hoses changent.

Je vous remercie de vous attaquer (pour moi et bien des confrère, c'est le "minimum minimorum"), à tous ces gens qui portent notre titre en toute impunité alors qu'ils ne peuvent s'en prévaloir: cela peut paraître marginal et peu porteur, et pourtant cette affaire (qui concerne selon les sondages que j'ai faits sur le web, environ 10 à 12% des inscrits "architectes- ce n'est pas rien-) me paraît symboliquement importante . Jamais l'Ordre des médecins n'admettrait que des  personnes sans compétences  eet non inscrits portent le titre de médecin.

Je vous en remercie : la communication à l'égard de ce que nous sommes souffre déjà de nombreuses concurrences déloyales.

(Photo Jacques Leroy / Ville de Paris)
Espace viaire sous viaduc, boulevard Blanqui, Paris XIII°