Métropolisation, PLU et spécificités locales : retour sur la table ronde du 1er mars à Valbonne

Le Conseil de l’Ordre PACA a réuni vendredi dernier un élu municipal et métropolitain, des membres des services de l’Etat en région, une architecte et un paysagiste pour rappeler l’importance d’intégrer les spécificités locales lors de l’élaboration des règlements d’urbanisme dans des territoires toujours plus métropolisés et intercommunaux, pour partager leurs savoirs sur ces questions et pour envisager comment les architectes peuvent faire bénéficier les pouvoirs publics de leur savoir et être intégrés dès les premières réflexions.

Le CROA PACA ayant initié un travail pour répondre à la très prochaine enquête publique sur le PLU métropolitain de Nice Côte d’Azur (en savoir plus), c’est en tout logique qu’il a proposé la thématique « Métropolisation, PLU et spécificités locales » pour la table ronde de sa séance délocalisée dans les Alpes-Maritimes, vendredi 1er mars 2019.

 

Elle a donc réuni :

  • Christian Tordo, élu adjoint à l'urbanisme de la Ville de Nice, conseiller métropolitain
  • François Gondran, conseiller architecture et espaces protégés, DRAC PACA
  • Johan Porcher, chef du service d'appui au territoire, DDTM 06
  • Alain Goldtsimmer, paysagiste concepteur, représentant de la FFP PACA Corse pour les Alpes-Maritimes
  • Sophie Delage, architecte, vice-présidente du SACA

 

Après avoir remercié les membres de la tribune d’avoir accepté l’invitation du Conseil, et tous les participants de s’être déplacés pour cette occasion, Françoise Berthelot a précisé que le choix de Sophia Antipolis pour cette table ronde avait été fait dans la perspective de se situer entre Nice et Cannes, pour réunir les architectes de tout le territoire.

 

De l’importance du dialogue intercommunal

Johan Porcher regrette qu’il n’existe pas d’Inter-Scot sur une partie du territoire azuréen, démontrant un retard de près de 10 ans de l’arc méditerranéen par rapport à d’autres territoires en France. Cet outil est un enjeu fort pour assurer une cohérence à l’échelle des territoires, pour créer un dialogue entre élus et conduire un travail commun.

Christian Tordo a de son côté témoigné que lors la préparation du PLU métropolitain, trois possibilités se sont d’abord présentées : transférer les PLU existants des communes concernées, faire au contraire table rase de l’existant pour aboutir à un tout nouveau document, ou essayer d’établir de la cohérence. Les deux premières options n’étant pas envisageables, les maires se sont réunis spontanément pour définir des grandes lignes avant de rencontrer les représentants de l’Etat. Tout l’objectif est alors devenu de ne pas raisonner à la parcelle pour conduire une réflexion au niveau de l’intercommunalité.

 

Quelles spécificités locales à prendre en compte ?

Christian Tordo a souligné que le bon sens veut que l’on intègre au minimum les données démographiques et le plan de déplacement urbain de la réflexion du PLU.

Pour François Gondran, il ne faut pas non plus négliger le passé, la mémoire, le territoire restant très marqué aujourd’hui par les voies romaines, le développement de l’agriculture, la création des ports etc.

Françoise Berthelot est intervenue sur la notion des 7 mètres de hauteur, qu’elle considère comme une aberration car elle ne prend pas en compte la pente et ne correspond pas aux hauteurs des villages : elle oblige à faire d’énormes murs de soutènement, ou rendent certains terrains inconstructibles. Il existe des règles comme celle-ci qui ne s’adaptent pas dans nos territoires, et il faut démontrer à quel point elles peuvent s’avérer perverses.

 

Nécessité et limites des règlements

Alain Goldtsimmer analyse un décalage entre l’évolution de la société et les outils à disposition des professionnels pour accompagner ces mutations. Les gens ne se déplacent plus de la même manière manière, mangent différemment, veulent habiter différemment… Le PLU est-il un outil adapté aujourd’hui ? Ces règlements correspondent-ils à nos sociétés ?

Il faut bien-sûr prendre en compte les règles, mais il faut surtout avoir l’intelligence d’apporter quelque chose avec ces règles. Les règlements ont aussi fait perdre l’usage du bon sens que l’on pouvait avoir dans le passé, comme le fait de prendre en compte si l’on est su côté du soleil levant ou couchant lorsque l’on construit. Il est difficile de définir ce type d’éléments dans des SCOT ou PLU.

Christian Tordo a rappelé qu’il n’est pas possible de travailler avec des règles qui ne seraient pas suffisamment claires. Le PLU est prescriptif, et la nécessaire souplesse de la règle a donc une limite : la prescriptibilité.

Alain Goldtsimmer a précisé qu’il existait tout de même des souplesses dans des cas spécifiques, comme pour Action Cœur de Ville, avec des zones réservées à l’expérimentation.

 

L’apport nécessaire des concepteurs

Sophie Delage, ainsi qu'Aline Hannouz, architecte conseil de l’Etat présente dans la salle, sont intervenues pour rappeler que le métier des architectes et des paysagistes consiste à mettre en forme, leurs aptitudes et leur formation leur permet d’aborder les choses en volume, et en ce sens ils peuvent apporter une aide primordiale à la lecture spatiale, tout en prenant en compte des éléments aussi variés que les réseaux d’eau, le développement durable etc. Ils se tiennent aussi informés de l’actualité législative, ce qui renforce sa capacité à aider : ils doivent se positionner plus fermement car il y a des apports mutuels possibles.

Pour François Gondran, c’est aussi leur capacité de faire la synthèse d’une grande quantité d’éléments, souvent compliqués, qui peut être un atout majeur pour les élus, les décideurs.

L’architecte doit être aux côtés des élus et des citoyens pour voir quels sont les besoins et comment on y répond. Ils sont des révélateurs, et les élus sont demandeurs et à l’écoute, interpelés par une vision qu’ils n’ont pas.

Johan Porcher en conclut qu’il y a un véritable enjeu à travailler tous ensemble, dans la pluridisciplinarité, car il y a des limites à une lecture trop administrative ou juridique.

 

Enfin, le CROA se réjouit de la proposition de Christian Tordo, pour que le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes devienne Personne Publique Associée et puisse ainsi participer en amont et activement à la conception des PLU.

Publié le 07.03.2019 - Modifié le 08.03.2019
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La règle de la hauteur à l'égout