Une période troublée
La situation actuelle présente de nombreux défis à relever. Inquiétés par quelque chose que nous ne connaissons pas, nous y faisons face avec peur, incertitude et d'une manière qui nous oblige à abandonner la vie que nous avions auparavant. En tant que professionnels, nous sommes confrontés, en plus des aspects sanitaires, à l’impact économique des mesures de confinement. Nous risquons l'arrêt des chantiers, l'arrêt des constructions et l'arrêt des procédures de marché publics, ce dernier point étant peut-être le plus important pour la profession. Les deux premiers défis pourraient poser problème à moyen terme. Le vaccin est une réponse sur le plan sanitaire, et sur le plan économique, nous sommes globalement capables demieux répondre qu'il y a dix ans aux problèmes économiques. Le troisième défi devrait perdurer.
Pourquoi ? Les raisons de l’émergence du virus sont multiples. Un des aspects fondamental a certainement été le manque d'harmonie de l'humanité avec la planère sur laquelle il vit. La déforestation, les marchés aux animaux sauvages, les mauvais aspects de la mondialisation, les déplacements des espèces à travers le monde, laissent peu d’espace aux autres espèces pour vivre voir même les empêchent de vivre. A cela s’ajoute toutes les activités à l’origine de changements climatiques rapides. Si nous répondons au troisième défi uniquement avec des mesures de reprises économiques, cela pourrait avoir pour conséquence un simple retour à la situation d’avant, ou même pire. La façon dont nous construisons ET nous planifions est dominée par des approches techniques et sectorielles. Même les "nouvelles" solutions sont très souvent sectorielles - se concentrant sur des indicateurs comme le kWh, le CO2, etc. - sans aucune vision holistique. Nous chauffons - et pire encore - nous refroidissons les bâtiments. Nous les ventillons et isolons avec des produits à court terme, nous construisons avec des matériaux transportés sur de très longues distances et qu’il n’est pas possible de réutiliser ou recycler. Nous devons les démolir parce que nous les concevons pour des besoins très spécifiques, qui changent avant même que la durée de vie théorique du bâtiment ne soit atteinte. Souhaitons-nous continuer ainsi et attendre? - le prochain virus se trouve au coin de la rue. Nous ne changerons pas tout cela immédiatement, mais les architectes ont souvent été le fer de lance pour ouvrir de nouvelles perspectives et être influents. À cet égard, une réflection sur notre travail est nécessaire, d'autant plus que l'humanité vit de plus en plus dans des agglomérations - qu'il n'est pas toujours possible d'appeler des villes. Nous savons que la façon dont est conçue l'environnement bâti a un impact énorme sur la qualité de vie et la santé des individus. Le processus de conception de l’envionnement bâti commence à l'échelle mondiale, avec la concentration de certains produits et services dans certaines zones. Il se poursuit à l'échelle continentale, puis régionale et urbaine (mobilité, utilisation du sol, protection du paysage, etc.), jusqu'à l’échelle du bâtiment et les espaces de vie et de travail. Il existe d’autres façons de faire, plus locales, orientées vers la satisfaction des besoins fondamentaux et cohérentes avec le lieu où elles sont mises en oeuvre et les personnes qui les utilisent.
Notre principal défi est d'ouvrir de nouvelles perspectives, d'introduire des solutions globales durables et holistiques pour que les humains puissent mieux se reconnecter avec le monde qui les entoure. Et ainsi créer une vie meilleure.
Georg Pendl, Président du CAE
|
|
Donnez votre avis