Disparition de l'architecte Michel GONTHIER

Notre fidèle ami Michel Gonthier nous a quittés.

Michel Gonthier que quelques générations d’architectes du Nord et du Pas-de-Calais n’ont pu oublier est décédé ce 12 janvier 2021 au terme d’une longue maladie selon la bien triste formule.

Il avait été pendant 17 ans le Secrétaire Général de notre maison dont le siège était alors à Marcq en Baroeul, boulevard Clémenceau .

Le CROA Nord-Pas de Calais et son Président Armand LEMAY en recherche d’un nouveau Secrétaire Général avait eu le nez fin en détectant chez Michel Gonthier répondant à l’annonce, colonel de l’armée française, attaché près de l’Etat-major et du Général de Région Militaire à Lille, ses grandes capacités de communication et d’entregent en sus de son  profond souci du bon ordre administratif. On m’a rapporté que le profil recherché était alors plutôt celui d’un juriste, finalement et contre toute attente, le choix du CROA Nord-Pas de Calais s’est porté sur un officier supérieur en préretraite, un peu las, avions nous compris, d’un appareil qui lui pesait au terme d’une carrière militaire très active commencée sur le terrain, dans l’Algérie qui l’avait vu naître…

Michel Gonthier est tombé tout de suite amoureux des Architectes et de sa représentation ordinale. Il nous confiait à Olivier Boyer-Chammard comme à moi-même ainsi qu’aux Présidents qu’il a servis, selon son propre terme parfaitement militaire, les Lemay, Deldique, Lenglart, Dimey et Nicol, combien son enthousiasme à travailler pour nous et défendre bec et ongle la profession était sans limite.

Peut-être était-il le plus vindicatif d’ailleurs ? Ceux qui l’ont connu et qui travaillaient à ses côtés se souviennent de ses agacements et colères à peine larvées quand il surprenait au détour d’un décret, d’un arrêté ou d’une prise de position parfaitement politique d’un élu de la République le peu de cas que certains faisaient de notre profession, de l’Architecture et de sa loi éponyme .

La profession l’a d’ailleurs remercié en le gratifiant du titre rare et non galvaudé d’Architecte « Honoris Causa ».

Il m’avait confié d’ailleurs la larme à l’œil, que de tous les titres, grades et distinctions honorifiques dont il pouvait légitimement s’enorgueillir, c’était cette distinction dont il était le plus fier .

Oui Michel Gonthier a servi la profession sans compter ses heures, travaillant tard, recevant tard les confrères et les consœurs en doute ou en questionnement qui savaient qu’il était là puisque son bureau visible depuis le boulevard était éclairé. Mais ils savaient surtout que sa porte était toujours ouverte.
Il était au sens vrai du terme, profondément dévoué à la Profession et aux architectes.

Comme tout militaire qui se respecte il avait le souci de l’étiquette, tiré à quatre épingles, d’une extrême courtoisie tant orale qu’écrite, toujours adroit sans jamais tomber dans l’onctuosité, et savait par sa posture et le parfait respect des règles protocolaires qu’il connaissait parfaitement faire reconnaitre l’institution et donc les Architectes. Je peux témoigner personnellement que les Préfets de la République, les Présidents de Région et de Départements et même un certain Pierre Mauroy, Premier Ministre de la France lui marquaient leur respect.

Son parfait sens du devoir plus que de la discipline, à l’instar d’un aide de camp, lui recommandait d’accompagner les Présidents lors de ces visites protocolaires, techniques ou politiques, toujours silencieux et volontairement en retrait tant que ces derniers ne l’invitaient pas à témoigner de leurs paroles et avis.

Il avait aussi une autre qualité dont je peux témoigner aussi, comme d’autres, c’est sa tolérance et son souci d’indulgence. Ses grognes, ses agacement, ses belles colères aussi qui trahissaient un peu d’intempérance, cachaient paradoxalement une vraie générosité de cœur. Combien de fois plaidât-il pour que ne soyons pas trop sévère à l’endroit d’un confrère ou une consœur en faute…

C’était ça aussi Michel.

Et c’est pour ça aussi que l’on ne l’oubliera pas. Surtout ceux qui ont eu la chance de travailler à ses côtés.

Merci pour tout cher Michel.  

Frank LONGUEVAL