AUVERGNE ARCHITECTURES N° 51
Enjeu par Sylvie Soulas-Perrot, Présidente.
Nous remercions M. Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi, et surtout, en l’occurrence, maire du Puy-en-Velay, d’avoir accepté de se prêter au jeu des questions-réponses dans les pages d’Auvergne Architectures (voir page 6). Tous les membres de notre profession apprécieront également sa reconnaissance de l’aspect artisanal et artistique inhérent à leur métier. Cette spécificité bien réelle ne nous semble pas a priori contradictoire avec la capacité des architectes de s’organiser pour répondre aux enjeux financiers d’aujourd’hui, en créant des agences importantes dont ils conservent la maîtrise. Répétons-le, même si la possibilité de prise de contrôle de ces agences par des non-architectes n’est plus aujourd’hui d’actualité : sur le plan professionnel mais aussi social, il est du plus grand intérêt que les architectes conservent leur autonomie et que leurs structures de production restent clairement déconnectées des contingences des grands groupes financiers. Ce souci d’autonomie ne doit pas nous quitter face au développement des procédures de partenariat public-privé (PPP) et de conception-construction. S’agissant des premières, le ministre et maire du Puy estime qu’il sera sans doute suffisant d’établir « des modalités de groupements équilibrées dans les cahiers des charges ». Nous pensons, nous, que dans ce type de marchés, la qualité architecturale ne peut être garantie que si les intentions préalables des donneurs d’ordre sont parfaitement claires et lisibles, c’est-à-dire si le politique garde une juste vision d’un projet, puis une vraie implication dans son avancement. Il s’agit d’éviter absolument l’installation d’un “flou artistique” quant à la capacité des opérateurs à se saisir d’un projet, puis à le modifier jusqu’à le dénaturer. Il est donc impératif d’introduire une extrême précision dans l’énoncé des principes forts d’un projet, ce qui suppose qu’ils existent déjà au niveau de la programmation et des directives… Il est possible effectivement qu’une telle élaboration des cahiers des charges garantisse une meilleure qualité architecturale, dans le cadre d’une collaboration fructueuse avec des entreprises riches de toute leur technicité. Mais cette collaboration doit avant tout être placée au service du projet collectif : c’est le rôle de l’architecte que d’y veiller, refusant ainsi la dénaturation de son propre métier – et même, à terme, le risque de sa disparition.
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